vendredi 12 novembre 2010

Lettre à celle qui a envie de partir.


Pourquoi partir ?

Parce que les voyages forment la jeunesse, et que tu ne pourras peut-être pas le faire plus tard, quand tu auras des ancrages, des attaches dans notre cher pays qu'est la France. C'est maintenant, tant qu'on est jeunes, qu'il faut profiter à fond de notre semblant de liberté. Partir parce que c'est le bon timing donc.
Mais aussi parce que c'est une expérience très formatrice. Tu apprends beaucoup sur le pays qui t'accueille bien sûr, sa culture, ses habitants, sa langue, mais aussi sur les gens en général, et surtout sur toi-même. Partir c'est sortir de soi, de ses habitudes, de son confort, c'est se dépasser. Et une fois que c'est fait on se regarde et on se dit : et beh, je me croyais pas capable de ça, chapeau moi. Partir parce que tu en ressortiras grandie, dans tous les domaines.
Et puis pour les rencontres : c'est plus facile d'aller vers les gens quand on n'est de passage, et puis le fait d'être étranger donne un excellent prétexte pour se tourner vers les autres. Ce ne sont pas forcément des relations étroites qui se nouent (quoique parfois les amitiés sont rendues plus intenses par l'urgence) mais de vraies rencontres, des gens de passage qui font du bien, avec qui tu peux entamer un échange culturel passionnant, ou simplement se rendre de menus services ou partager un moment. Partir pour se réconcilier avec le genre humain en somme. 
Et puis de façon plus pragmatique, évidemment c'est bon pour ton CV et t'apprends une langue, mais ça tu le sais déjà hein. 

Comment partir ? 

En Erasmus bien sûr, ça apporte l'avantage certain de se retrouver dans un groupe d'appartenance, les étudiants, et dans une communauté bien établie, les étudiants en échange inter-universitaire. Tu bénéficies donc d'une aide logistique et administrative, et d'un réseau bien rôdé : que ce soient les instances universitaires (professeurs et autres) ou para-universitaires (asso'), même s'il y a des dysfonctionnements on peut dire que ça marche plutôt bien, au moins du côté assistance dans la vie quotidienne et socialisation. Et c'est important ! Les soirées organisées, quiz et autres "buddy up" (se mettre par paires d'étudiants de nationalités différentes pour s'apprendre mutuellement une langue), ça permet de ne pas se sentir isolé et de s'intégrer plus facilement. Chose qu'on n'a pas forcément quand on part par nos propres moyens. 
Sinon si la compagnie d'êtres humains pas tout à fait achevés (d'enfants quoi) ne te rebute pas il y a aussi l'assistanat. D'après une amie d'amie espagnole (qui se reconnaîtra), il s'agit d'inculquer des rudiments de ta langue aux autochtones, sans prendre la place du professeur. Concrètement, c'est 4h par jour de boulot, pendant lesquelles tu fais essentiellement la conversation sur des thèmes particuliers à des élèves d'âges variés. Il faut savoir que tu es donc payée pour 20h par semaine, soit assez pour vivre mais pas pour économiser à mon humble avis. Donc tu ne pars pas dans l'optique de gagner ta vie, mais bien de profiter d'une expérience professionnelle et humaine, comme une sorte de stage prolongé en quelque sorte. 

Après, il existe tout plein d'autres voies pour faire un séjour prolongé à l'étranger, que moi-même je ne connais pas bien et que je ne pourrai donc pas développer.
Le Volontariat International en Entreprise ou Administration (VIE ou VIA) : "Il est ouvert aux jeunes de 18 à 28 ans, à condition d'être Français ou Européen, d'être en règle avec le service national, d'avoir un casier judiciaire vierge, et d'être apte physiquement. Il concerne tous les domaines professionnels, et la plupart des pays du monde. Les volontaires partent en mission d'une durée de 6 à 24 mois dans les entreprises et administrations françaises à travers le monde." (merci wiki) Dans la même veine, le Service Civil Européen peut également être une bonne option pour séjourner dans un pays voisin et en profiter pour se rendre utile. 
Les jobs et autres stages - là c'est un peu au p'tit bonheur la chance, il faut se donner les moyens... Mais j'ai vu un français serveur à Starbucks, un autre accordéoniste dans le bar d'une auberge de jeunesse, et évidemment il y a plein d'autres opportunités (en tant qu'étudiant LEA rien n'est impossible si l'on en croit Mme M.), il suffit de le vouloir, de bien se renseigner sur les détails de taille (quel statut pour un étranger qui travaille ? quelle sécu ? etc) et d'être prêt à se lancer. 


Où partir ?

Là c'est selon. Tu peux choisir en fonction de la mission qu'on t'alloue dans le cas du Service, de la langue que tu veux pratiquer dans le cas d'un Erasmus, ou encore de la langue que tu penses maîtriser le mieux pour l'assistanat. Tu peux aussi baser ta décision sur tout un tas d'autres critères, tels que le climat, la distance par rapport à la maison, le dynamisme économique en termes d'offre d'emplois, et bien sûr tes préférences personnelles. 
En ce qui me concerne, le Royaume Uni c'est le pays où le thé est moins cher que le café, je me devais donc d'y migrer. Et puis en facteurs secondaires il y avait la langue bien sûr, l'impact sur un CV, l'importance de la vie culturelle et étudiante, et la proximité (contrairement aux USA ou à la Chine qui me tentaient bien). Même si c'est un pays tout proche, une société occidentale européenne comme la France, c'est tout de même différent, on ne se sent pas du tout comme chez nous, c'est déjà dépaysant. Le simple fait de ne pas savoir comment dire bonjour à tes amis est révélateur : la bise à la française, beaucoup trop familière ? La poignée de mains, un peu formelle ? L'accolade, maladroite et peu naturelle ? Le salut de loin, un peu coincé ? On n'y pense pas forcément, mais à vivre au quotidien c'est étrange... 


En résumé

Je prêche pour ma paroisse bien sûr, si je suis là où je suis, tu te doutes bien que je n'allais pas te dire de rester en pantoufles dans ta studette caennaise : si tu en as l'occas', PARS ! Pas forcément pour l'année, pas forcément à l'autre bout du monde, juste pour vivre cette expérience, "voyager pour avoir voyagé" comme disait je ne sais plus qui. Pour te changer d'air, pour revenir, pour te faire du bien à l'ego, pour être polyglotte, pour vivre des choses nouvelles et ne pas tourner en rond, pour avancer, pour découvrir, pour manger des trucs louches, pour rencontrer de nouvelles personnes et de nouveaux horizons, pour te trouver toi, pour faire plaisir aux deux Gilles, pour fuir tes problèmes, pour en trouver d'autres, et puis parce que si tu nous demandes de te donner des raisons de partir, c'est bien parce que tu sais déjà que c'est ce que tu veux non ? 



Newport

Claire.

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