mardi 29 mars 2011

Les Gallois sont Marseillais.


Lorsque nous, Européens du vieux continent, évoquons les îles britanniques, c’est souvent sous le terme générique et erroné d’Angleterre. Le Pays de Galles ainsi que ces voisins celtes sont souvent oubliés, relayés au rang de sous-région anglaise.
Et pourtant, si vous saviez ce que le Pays de Galles a fait pour vous, laissez moi vous dire que vous feriez moins la fine bouche et replongeriez de suite dans vos livres de géographie et votre exemplaire du « Gallois pour les nuls ». Car même si les Gallois ne payent pas de mine, avec leurs moutons, leurs châteaux en ruine et leurs joueurs de rugby roux et velus, il faut savoir qu’ils ont d’ores et déjà conquis le monde, modestement, discrètement mais sûrement.


Gallésiens de lumière, sous les projecteurs
Bonnie Tyler, Tom Jones, Roald Dahl, Duffy, Catherine Zeta-Jones, Anthony Hopkins… sont autant d’exemples de réussite à la galloise : si on laisse croire qu’on est born in the USA, faisant par là même oublier nos origines plébéiennes indignes, on peut prétendre à une carrière tout à fait honorable dans le showbiz. Mais cela importe peu, aujourd’hui n’importe qui peut avoir son quart d’heure de gloire et faire entrer son patronyme au panthéon des « stars », dont la sélectivité s’étiole au fil des téléréalités et autres productions musicales hasardeuses. Heureusement, le Pays de Galles regorge de ressources...


Grandeur et Histoire Galloises
Le Roi Arthur, les chevaliers de la Table Ronde, Merlin Enchanteur de Bretagne… C’est ici que la légende est née, au cœur de la tradition celte, notamment dans plusieurs écrits médiévaux gallois (contes du MabinogionGododdinHistoria Brittonum) évoquant pour la première fois le règne héroïque  du Sanglier de Cornouailles (et de Coco l’asticot). La cour du roi Arthur aurait d’ailleurs siégé à Caerleon, ancien fort romain situé près de Cardiff.


Mais ce n’est pas tout ! A l’université, dans le très sérieux cours de Culture et Folklore Gallois, on en apprend de belles : si les Ricains parlent Anglais, c’est grâce aux Gallois. Ces derniers sont en effet catégoriques : ils ont découvert l’Amérique bien avant Christophe Colomb et son équipe de bras cassés espingouins. Le Prince Madog, fils de Owain Gwynedd, aurait accosté sur les côtes du Nouveau Monde en 1170. Il aurait d’ailleurs appris le gallois à une tribu d’Amérique, les Mandans. Les Tudors (Henry VII et VIII) ont alors revendiqué, en tant que Princes de Galles (et oui !) et souverains britanniques, la possession de ce qui est aujourd’hui la terre des maîtres du monde, les Etats Unis.


Bon, si j’étais de mauvaise foi, je dirais que le Prince Madog en question a commodément disparu lors de son deuxième voyage, de même que les Mandans qui se sont éteints au début du 19e siècle. J’ajouterais même que l’apparition de ces récits au 15e siècle tombait quand même à pic,  en pleine période de répartition du monde entre les grandes puissances colonisatrices. Mais je ne suis pas de mauvaise foi.

Welsh is Go(o)d
Les Gallois ont sans doute un léger complexe d’infériorité qu’ils compensent en tentant de persuader le monde entier qu’ils ont leur place dans les livres d’histoire et les guides du routard de tous les pays. Selon les légendes, ils croient dur comme fer qu’on parle gallois au paradis, qu’Arthur le gallois a régné sur la totalité du monde connu, que les Ecossais leur ont piqué l’idée du kilt et la fabrication du whisky, que Cardiff est en passe de devenir la capitale de l’Europe, et j’en passe.
Comment leur en vouloir ? Quand on est trop petit pour la grandeur, il faut parfois fabriquer soi-même le piédestal qui nous donnera notre place au soleil…   


Claire.