jeudi 19 avril 2012

Keep flying.

Il y a quelques mois, bientôt sept, je partais le coeur aussi lourd que mes valises. Je partais vers un pays où rien ni personne ne m'attendait vraiment, mis à part un travail dans un lycée dont les responsables avaient l'air bien peu concernés. Je laissais la silhouette de mes proches s'estomper sur le quai de la gare, les larmes brûler mon visage et la même question se répéter à m'en rendre sourde: "mais pourquoi, bon sang, pourquoi me suis-je mis dans une telle situation ?".
Arrivée gare du Nord je relativisais déjà davantage... : C'est le pays voisin, t'es pas la première à partir dans ces conditions ni la dernière, faut se calmer maintenant, tout va bien se passer. Shut up mon cerveau, merde.



Et maintenant ? Je suis heureuse comme je l'ai rarement été, et comme peut-être jamais. Le travail en lui même ? Bullshit, mais j'en parlerais sûrement un peu plus tard... L'heure n'est pas encore au bilan, il reste quelques semaines à vivre dans ce micro-cosmos qu'on s'est crée à plusieurs, cette bulle de protection en plein coeur d'une ville folle. Cependant il y a quelques petites choses dont je suis déjà certaine : J'ai repoussé les frontières de mon esprit comme celles qui séparent ma France natale des autres pays. J'ai pu saisir à pleine main la façon de penser des voyageurs, leur vision de la vie et du partage, le mal être d'être partout et nulle part à la fois. Et puis j'ai rencontré les bonnes personnes au bon moment. Londres m'a rendu tout ce qu'Evreux m'avait volé, toute l'énergie que Caen m'avait enlevé. A l'heure du départ, ma valise était chargée de doutes, de peurs, de désillusions et avait le poids des mauvais choix dont on paye les conséquences un peu tous les jours.


Londres, ville de paradoxes. 
Londres t'offre ce qu'il y a de plus magnifique tout en fournissant un refuge pour ce qu'il existe de plus sombre.
C'est la ville aux 7 caméras habitants, mais c'est aussi celle avec un solide taux de criminalité.
C'est le berceau du monde, ou au moins de l'Europe où le français, l'italien, l'espagnol et les langues de l'Est résonnent à chaque coin de rue, qu'importe le quartier.
C'est l'éternelle indécise où il ne fait jamais vraiment beau mais rarement vraiment moche.
Il n'y a pas d'endroit où la classe anglaise s'étale mieux que dans sa débauche.
C'est l'endroit où tu peux presque aller faire tes courses en pyjama grâce aux nombreux corner shop et autres épiceries, la ville où tout est accessible, mais où tout est tellement si loin.
C'est la ville aux règles strictes qui t'ordonnent de regarder à droite avant de traverser et de tenir la gauche dans les couloirs de métro, et pourtant la ville la plus extravagante et désordonnée.
C'est l'avenir, la modernité alors qu'elle chérit l'histoire de son pays et sa reine mieux que personne.
In many ways, London is from Normandy, actually.


"Who is tired of London is tired of life" ? 
Fidèle à elle-même et à ses contradictions, Londres te donnera effectivement beaucoup à faire, à imaginer, à penser mais elle marchera peut-être sur tes rêves au passage, et t'épuisera sans remord aucun.


Londres, tu l'aimes autant que tu la maudis parfois, c'est comme ça. 


Mélie