mardi 26 juillet 2011

Comme un poisson dans l'eau...


Une semaine de plus, et une semaine de moins… Ca y est, cela fait un mois que je suis en Australie. Oserais-je dire un mois de pur bonheur ? Hm, tellement cliché. Mon stage est maintenant bien entamé, il ne me reste que deux semaines – une à Atherton, et la dernière verra mon retour auCairns Post. Et après… j’avais prévu trois semaines de vadrouille, il semblerait qu’une rentrée anticipée à Sciences Po ampute ce petit périple sur la côte est d’une semaine. Cependant on ne pourra pas dire que je n’ai pas eu le temps de voir du pays, car ces quatre premières semaines de stage m’ont offert plus d’opportunités de visiter les environs que je n’aurais jamais pu l’envisager en voyageant seule.

Après Port Douglas, c’est la petite ville de Mareeba qui m’a accueillie cette semaine. Mareeba, c’est une unique rue principale, des exploitations de tabac, café et canne à sucre et des éleveurs de bétail et de chevaux tout droits sortis d’un western à l’américaine. Samedi dernier, pas moins d’une douzaine de milliers de personnes se sont rassemblées lors du Mareeba Rodeo, rendez vous annuel incontournable pour tous les cowboys de la région. Et le mot cowboy n’est pas un abus de langage – chapeau vissé sur la tête, jeans, bottes et gros ceinturon argenté, on se croirait au fin fond du Texas.

Rodeo time (pic T. Lee)

Dans l’arène pleine à craquer se succèdent démonstrations de dressage équin, rodéo à dos de taureau ou de cheval, et courses de tonneaux. Les cowboys du Queensland et de New South Wales s’affrontent pour rapporter des trophées dans leurs états respectifs. La plupart des concurrents ne tiennent que quelques secondes sur le dos de leur monture en furie. Heureusement d’ailleurs, au vu des conséquences de cette courte chevauchée sur les cavaliers – certains se relèvent à grand peine. Tout autour de l’arène principale s’étalent des kilomètres de stands : le Mareeba Rodeo c’est aussi une grande fête foraine, avec d’innombrables échoppes de malbouffe toutes identiques, et les manèges vomitifs à souhait qui les accompagnent. Le tout baigne dans la poussière et le bruit, l’odeur de friture et de bière, des marées humaines se croisent dans les allées, se jaugent, se cherchent – les jeunes cowboys cherchent leurs cowgirls ce soir. L’élection de la Rodeo Queen a d’ailleurs eu lieu dans l’après-midi, parmi les épreuves de coupage de bois et autres démonstrations de savoir-faire rural.

J’ai malheureusement raté ce beauty pageant pour assister à un match d’AFL, ce sport typiquement australien où des grands gaillards plus imposants les uns que les autres sautillent pour attraper un ballon ovale sur un terrain ovale lui-même, avant de tenter de l’envoyer entre des poteaux qui ne sont pas sans rappeler un certain jeu fictif nommé Quidditch (non je n’ai pas vu les dernières aventures du petit brun myope et balafré – tiens, on dirait moi –, car le cinéma coûte autour de 17 dollars ici). Les puristes s’indigneront sans doute de cette description peu académique de ce noble sport où tous les coups sont permis puisque les joueurs ne peuvent être exclus du terrain, mais fort heureusement mes compétences sportives n’ont pas été mises à contribution pour un article sur cette rencontre.

Tropical Tablelands Caravan Park - mon palace

Non, cette semaine mon travail à Mareeba fut consacré à l’histoire de l’hôpital local et aux doléances des cultivateurs de mangue. Des articles très couleur locale qui s’ajoutent aux cinq publiés dans la Gazette de Port Douglas. Petit à petit j’intègre les règles du journalisme tel qu’on le pratique au Cairns Post, grâce aux conseils bienveillants de mes collègues. Cette semaine, N. a été mon mentor : non content de me transmettre ses règles d’or et autres trucs et astuces, N. m’a également prêté un vélo pour effectuer les 3 km qui séparaient mon lieu de logement, un caravan park/hostel de bord d’autoroute, du Tablelands Advertiser

J’y suis devenue une légende dès mon deuxième jour. J’ai en effet réussi à… me perdre, pédalant sur l’autoroute entre kangourous écrasés et camions pachydermiques. J’ai réalisé assez vite que cette route me mènerait à ma perte plus vite qu’à Mareeba, et en arrivant au boulot on m’a juré que je ne serais jamais oubliée pour cet exploit. Bah, peu importe le chemin vers la postérité… au moins leur journée a été illuminée, et puis maintenant dès que je me rends aux toilettes ou que je prends ma pause déjeuner, on me fait jurer de ne pas me tromper de couloir. La postérité vous dis-je. Hum.

Jungle walk, Kuranda

Cette semaine est une fois de plus passée à une vitesse folle, et le weekend qui l’a suivi semble s’être perdu dans une faille spatio-temporelle. La journée de vendredi (jour férié) fut dédiée à l’exploration de Kuranda, village touristique au cœur de la forêt tropicale, où après une marche de près de deux heures dans la jungle, j’ai eu l’honneur de partager le talent incroyable de Marc Steiner, musicien, peintre et humaniste, qui m’a donné une leçon improvisée de didgeridoo et de vie, au beau milieu de sa petite boutique remplie de ces instruments capricieux et majestueux. Un moment inoubliable.

Samedi et dimanche, ce sont les paysages de Cape Tribulation qui se sont offerts à moi. Après une nuit dans un bungalow au cœur de la forêt tropicale, c’est sur les plages de sable blanc et dans l’eau cristalline de l’océan Pacifique que ce weekend parfait s’est achevé. Louer un kayak pour explorer la Grande Barrière de corail, voir un banc de poissons scintillants sauter hors de l’eau devant nos yeux, manquer de marcher sur une raie cachée dans le sable, déranger les crabes roses sur les rochers, finir par rester sur la plage pour observer le coucher du soleil… Certains moments sont préservés quand on ne cherche pas à les expliquer. Je me sens juste incroyablement privilégiée.

Myall Beach

Claire.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire